Anouk
RANDRIANANTOANINA
DESIGN SCENOGRAPHIE ET GRAPHISME
Tàn xó [mémoire en prose] de Sènami Donoumassou
Stage à la Fondation H
post-master 2024

Rôle sur ce projet:
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Accompagnement de l’artiste Sènami avec Marie Doumerc, responsable de la Fondation H à Paris
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Production et montage de l’exposition avec Marie Doumerc
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Design communication de l’exposition avec la charte graphique de la Fondation H
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Médiation culturelle

Sènami Donoumassou
Sènami Donoumassou est une artiste visuelle née en 1991 au Bénin, plus précisément à sa capitale Porto Novo. Après un parcours traditionnel avec l’obtention d’une Licence en Administration Générale et Territoriale, elle se consacre à sa passion artistique.
En 2019, suite à une résidence au Studio national des arts contemporains - Le Fresnoy, elle présente sa première exposition, Chimie des traces à l’Institut français de Cotonou, suivie de Xógbé à Le Centre en 2022. La même année, elle est désignée lauréate de la première édition du Prix James Barnor.
Expérimentant les potentialités techniques et poétiques de la lumière à travers le photogramme, les installations protéiformes et le dessin, elle invite à la réflexion et à la remise en question sur les notions d’identité et de mémoire.
Pour Sènami tout individu est un corps archive, aspect qui la mène à parler d’une identité multiple. Comme elle le dit : « Nous sommes fait d’ADN animal, d’ADN végétal et de minerais. Nous sommes des cellules, mais surtout nous sommes traces et mémoires. » Étant des êtres constitués de nombreux éléments, nous serions des archives vivantes qui se prêtent à l’échange. S’inspirant du poème « On The Pulse of Morning » écrit par Maya Angelou en 1993, l’artiste au cours de sa résidence interroge nos identités à travers l’altérité et la mémoire. Ainsi, elle nous invite à porter un regard nouveau sur notre être en questionnant notre histoire, notre rapport à l’autre et notre lien à la nature. Puisque en tant que des êtres sociaux, pour elle, les réponses aux questions sur l’identité et les tensions qu’elles soulèvent dans nos communautés se trouvent dans nos mémoires et dans notre altérité.
Texte de la Fondation H
L'exposition de Sènami, une affaire de mémoire
Photos du vernissage et de l'exposition
L’exposition Tàn xó [Mémoire en prose] est le fruit d’une résidence de quatre mois où durant laquelle l’artiste s’est plongée dans des recherches d’archives et des expérimentations techniques, éléments essentiels de sa démarche artistique. «J’adore expérimenter. C’est en explorant l’inconnu que je découvre de nouvelles choses, ce processus est au cœur de mon travail.» Son projet inédit, développé au cours de cette résidence de création, puise dans l’exploration des mémoires collectives et des constructions identitaires universelles, avec en filigrane, une dimension postcoloniale. Le titre de l’exposition, issu du vocable Fon, Tàn xó, signifie «une question de mémoire», et ancre ce nouveau travail dans une démarche à la fois personnelle et culturelle, tout en incitant à une réflexion sur les rapports que nous entretenons avec notre environnement naturel.
Le visiteur pénètre dans un espace suspendu, hors du temps, hors de toute géographie. La déambulation dans cet espace fictif que l’artiste nomme “Arkhéeni” résonne avec le poème de Maya Angelou “On the pulse of Morning”, écrit pour la cérémonie d’investiture de Clinton en 1993. Dans son discours elle appelle à l’unification, et convoque l’autre à travers nos héritages partagés et la diversité des territoires.
Sènami Donoumassou offre un espace de réflexion sur les dynamiques identitaires contemporaines, où se croisent mémoire, histoire et altérité. Par son approche multidisciplinaire, elle explore certes les tensions entre identité personnelle et mémoire collective, s’inspirant des réflexions de Maya Angelou, mais elle invite également à une redéfinition des identités en insistant sur la fluidité des récits et des appartenances. Son travail questionne les dualismes et les clivages identitaires, proposant une vision d’hybridité comme levier de création et de réconciliation. Par cette démarche, Donoumassou œuvre pour une transformation des récits, où chaque voix, chaque mémoire compte, contribuant ainsi à une compréhension élargie de nos identités et de notre place dans le monde. Elle nous rappelle aussi que nos identités ne se construisent pas uniquement en relation avec les autres, mais également avec la nature, nous incitant à développer une cohabitation plus saine, plus bienveillante et respectueuse avec notre environnement. Cette approche holistique permet de repenser nos relations avec les peuples et la nature, en intégrant les récits partagés et les mémoires collectives.
Extraits du texte de Nadine Hounkpatin, commissaire d'exposition
Montage et production de l'exposition
Après le suivi de la production de l’artiste, place à l’exposition. La scénographie a été pensée en amont en accord avec le récit de l’artiste et ses œuvres. Afin d’aider l’artiste à se projeter, j’ai procédé par la proposition d’un moodboard. S’enchaînent ensuite la disposition dans l’espace et le montage de son exposition. Travail de la matière, des couleurs, accrochage mesuré et tests de son et lumière, l’installation de l’exposition était une immersion dans le travail de Sènami. Ce temps d’installation est également l’occasion de conseiller l’artiste sur la scénographie : comment penser la déambulation, les circulations, les interactions et ce que perçoit un visiteur, penser les supports, les dispositions... Là est mon rôle d’être force de propositions.